17 octobre 1961, « ici on noie les Algériens »

La manifestation du 17 octobre 1961 a été organisée par le FLN (Front de Libération Nationale) pour protester contre un couvre-feu discriminatoire imposé aux Algériens considérés à l’époque comme des Français musulmans. Une date sombre dans l’histoire de la France, marquée par un massacre d’Algériens à Paris. Ce jour-là, entre 20 000 et 40 000 manifestants algériens, hommes, femmes et enfants, ont organisé une manifestation pacifique.

La manifestation a été brutalement réprimée par les forces de police sous l’autorité du préfet Maurice Papon sous l’autorité du Premier ministre Michel Debré. Les forces de l’ordre ont reçu l’ordre de réprimer férocement les manifestants, ce qui a conduit à actes de violence comprenaient :

Des manifestants abattus par balle
Des noyades dans la Seine
Des victimes battues à mort ou étouffées
L’arrestation de 11 538 manifestants

Le rôle de Maurice Papon (impliqué dans la rafle de 1 600 juifs à Bordeaux entre 1942 et 1944), alors préfet de police de Paris, a été central dans ces événements. Il avait déclaré publiquement "pour un coup donné, nous en porterons dix". Il avait autorisé verbalement ses hommes à tirer dès qu’ils se sentaient menacés. Ces événements s’inscrivent dans un contexte plus large de techniques de maintien de l’ordre issues de l’expérience coloniale, que Papon avait déjà appliquées au Maroc et en Algérie avant de les utiliser à Paris

Le bilan exact des victimes reste controversé. Officiellement, la préfecture de police n’a reconnu que trois morts. Cependant, les historiens estiment aujourd’hui qu’au moins 120 Algériens ont été tués, certains avançant même le chiffre de plus de 200 morts. La plus jeune victime est une jeune lycéenne, Fatima Bédar 15 ans, son corps a avait retrouvé le dans le canal Saint-Martin.

Cette violence extrême s’inscrit dans le contexte de la guerre d’Algérie et de la politique coloniale française . La répression a été qualifiée de "la plus violente qu’ait jamais provoquée une manifestation de rue en Europe occidentale dans l’histoire contemporaine" par certains historiens .

Il s’agit là d’un véritable massacre que l’Etat français a trop longtemps étouffé. Ce massacre occulté de l’histoire nationale et dont la connaissance n’a commencé à émerger que dans les années 1980.

Jean-Luc Einaudi a contribué de manière significative à porter l’affaire à la connaissance du grand public. Le 16 octobre 1997, Jean-Luc Einaudi a témoigné au procès de Maurice Papon à Bordeaux. Jean-Luc Einaudi est considéré comme une figure clé dans la lutte pour la reconnaissance 17 octobre 1961.

Pendant des décennies, cet événement a été largement occulté :

En 2012, le président François Hollande a rendu hommage aux victimes
En 2021, le président Emmanuel Macron a déclaré que ces crimes étaient "inexcusables pour la République"

Plus récemment, en 2024, l’Assemblée nationale française a adopté une résolution condamnant ce massacre et proposant l’inscription d’une journée de commémoration à l’agenda officiel .

Le graffiti "Ici on noie les Algériens", apparu sur les quais de Seine quelques jours après le massacre, est devenu un symbole puissant de cet événement tragique et de la lutte pour sa reconnaissance. La photographie de ce graffitia été prise par les journalistes Jean Texier et Claude Angeli. Ils ont capturé cette image alors qu’ils passaient en voiture sur les quais de la Seine, voyant l’inscription gardée par des policiers qui semblaient attendre pour l’effacer.