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Grève du foyer sonacotra 1976

En 1976, les foyers Sonacotra étaient au cœur d’un important mouvement de contestation connu sous le nom de "grève des loyers".

La grève des loyers, débutée en 1975 au foyer Romain-Rolland de Saint-Denis, s’est étendue en 1976 à l’ensemble de la région parisienne puis aux autres régions françaises. Au plus fort des mobilisations, le mouvement rassemblait entre 20 000 et 30 000 grévistes.

Un Comité de coordination des foyers Sonacotra en lutte a été mis en place pour gérer la grève.

Les résidents protestaient contre la hausse généralisée des loyers jugée excessive par rapport à la qualité de vie offerte dans ces foyers. Ils dénonçaient également l’état de délabrement précoce des structures et les méthodes de répression utilisées contre leur mouvement.

Une plate-forme revendicative a été adoptée le 21 septembre 1976, servant de base au mouvement.

Le 24 mars 1976, un premier grand meeting à la Mutualité a rassemblé quatre mille personnes.

En avril 1976, la Sonacotra a fait expulser du territoire seize délégués, Le 24 avril 1976, une manifestation contre les expulsions a rassemblé vingt-cinq mille personnes à Paris.

La Sonacotra, créée en 1956, s’était développée particulièrement à partir du milieu des années 1960 pour répondre à la demande de logement de la main-d’œuvre immigrée.

En 1976, la société gérait de nombreux foyers accueillant principalement des travailleurs "isolés", dont beaucoup étaient originaires d’Afrique subsaharienne.

Le mouvement de grève s’inscrivait dans un contexte plus large de mobilisation en France après Mai 68.

Cette grève des loyers dans les foyers Sonacotra en 1976 a marqué un tournant dans l’histoire de l’immigration en France, mettant en lumière les conditions de vie des travailleurs immigrés et leur capacité à s’organiser pour défendre leurs droits.

 


La Sonacotra

La Sonacotral (Société nationale de construction de logements pour les travailleurs algériens) a été créée en 1956 pour répondre à la crise du logement et résorber les bidonvilles touchant particulièrement les travailleurs « algériens français musulmans " venus travailler en métropole.

Cette société d’économie mixte sous contrôle de l’État a pour mission de financer, construire et gérer des logements pour ces travailleurs immigrés.

En 1962, après l’indépendance de l’Algérie, elle devient Sonacotra et élargit sa mission à d’autres populations immigrées. Son évolution reflète les changements dans la politique d’immigration et de logement social du pays. Dans les années 1960, elle s’impose comme le modèle dominant pour l’hébergement des travailleurs étrangers.

Les foyers Sonacotra sont un outil de contrôle social et de surveillance, notamment des travailleurs « algériens français musulmans » pendant la guerre d’Algérie.

Ces foyers accueillant exclusivement des travailleurs immigrés créent une forme de ségrégation. Les conditions de logement sont précaires (chambres exiguës, équipements collectifs). Les chambres sont délabrées et mal isolées ce qui pose un problème d’intimité. Les loyers sont trop élevés au vu les conditions d’habitat.

La gestion impose des règles de vie strictes et parfois discriminatoires. les gérants pouvaient entrer librement dans les chambres sans en aviser la personne. Ils n’avaient pas de statut de locataire. Le droit de visite est pratiquement interdit…

Les gérants sont souvent racistes et issus de l’armée coloniale. Il y a un traitement différencié et plus répressif envers certaines nationalités, notamment pour les Algériens. Ce recrutement était considéré comme avantageux car ces personnes étaient supposées parler arabe et connaître le "mode de vie spécifique" des résidents. Ce traitement discriminatoire s’inscrivait dans une logique de contrôle social hérité de la période coloniale.

Ces pratiques discriminatoires ont contribué à alimenter les tensions et ont été l’un des facteurs déclencheurs des mouvements de contestation dans les foyers Sonacotra à partir de la fin des années 1960.

Dans les années 1970, le modèle Sonacotra a été remis en cause par d’importantes mobilisations des résidents, notamment des grèves des loyers. Ces mouvements ont contribué à faire évoluer les pratiques et les conditions de vie dans les foyers.

Aujourd’hui, la Sonacotra est devenue Aldoma. Elle continue de jouer un rôle important dans le logement social, bien que son modèle ait évolué pour s’adapter aux nouvelles réalités de l’immigration et de l’exclusion sociale.

Leur transformation progressive en résidences sociales, décidée en 1995, marque une nouvelle étape dans leur histoire.


Liens

Les « sonacos » ou la grève des loyers des résidents des foyers Sonacotra Le 26/06/2013 à 10h15 par Génériques

https://www.lesamisdegeneriques.org/Actualites/p14/Les-sonacos-ou-la-greve-des-loyers-des-residents-des-foyers-Sonacotra

Attentat d’un foyer Sonacotra INA

https://www.youtube.com/watch?v=tHUPRXXCjdI

https://fr.video.search.yahoo.com/yhs/search?fr=yhs-sz-011&ei=UTF-8&hsimp=yhs-011&hspart=sz&param1=2822515431&gdpr=1&p=foyer+sonacotra&type=type80058-236631166#id=4&vid=04caff40555f92b7b19ed78997ce594a&action=click

 

Mise à jour :mardi 6 mai 2025
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