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Du racisme à l’Islamophobie

À la fin de la guerre d’Algérie le racisme colonial et postcolonial se focalise sur l’immigration « Arabe et noir ». Le racisme est diffusé par l’extrême droite française, avec JM. Le Pen le leader FN, les ancien de l’OAS et les nostalgiques de l’Algérie française et de l’empire colonial et esclavagiste.

On retrouve le terme islamophobie le 25 mai 1910 dans une thèse A. Quellien « La Politique musulmane dans l’Afrique occidentale française ». Il travaille comme rédacteur au ministère des Colonies. Il s’inspire des idées de L.G. Binger, directeur des Affaires d’Afrique qui publie en 1906 une brochure intitulée « Le péril de l’islam » déjà publiée en 1891 sous le nom « Esclavage, islamisme et christianisme ».

En 1918 sous la plume d’ Dinet et Ben Ibrahim,

Étienne Dinet et Sliman Ben Ibrahim dans leurs livres critiquent les biais orientalistes de textes d’érudits sur l’islam. ils publient en 1922"L’Orient vu de l’Occident", un ouvrage dans lequel ils remettaient en question la méthodologie utilisée par les érudits occidentaux pour étudier l’islam et les musulmans.

Dès les années 1970 les actes racistes augmentèrent fortement, coïncidant avec la nationalisation des compagnies pétrolières en Algérie. Les incidents racistes touchent d’autres « communautés » : gitane, rom, comorienne, chinoise…

En 1979 la révolution islamique du régime iranien met en avant une certaine vision de l’islam.

En 1989 l’affaire des « tchadors » de Creil met en avant des jeunes femmes voilées et la visibilité de la religion musulmane dans l’espace français. Le 18 septembre 1989, Ernest Chénière, principal du collège Gabriel-Havez à Creil (Oise), a exclu trois élèves musulmanes - Leïla, Fatima et Samira - pour avoir refusé d’enlever leur voile en classe. Le principal justifiait cette décision en arguant que le voile était incompatible avec la laïcité de l’établissement scolaire. Un accord est trouvé le 9 octobre 1989, permettant aux élèves de porter leur voile en dehors des cours mais pas en classe. Cette affaire a eu des répercussions importantes. En 1994, la circulaire Bayrou a distingué les symboles religieux « discrets » des symboles « ostentatoires » dans les écoles. En 2004, une loi interdisant les signes religieux ostensibles dans les établissements scolaires publics a été adoptée.

Dans les années 1990 l’émergence du terrorisme « islamiste » notamment en Algérie fait peur. Après les attentats du 11 septembre 2001 il y a une augmentation des actes islamophobes contre les mosquées en Nouvelle-Zélande, au Québec et en Norvège.

Les attentats « islamistes » à Madrid en 2004 et à Londres en 2005 provoquent des réactions de rejet. En France les actes ont lieu contre des mosquées, des centres culturels. Des menaces de mort et des agressions physiques augmentent. A partir de ces faits l’islamophobie se développe.

Après le voile, le burkini, l’interdiction de mères voilées dans l’espace scolaire on ne cesse de parler de musulmans comme des personnes inassimilable. Une forme de laïcité est utilisée pour démontrer que l’islam est incompatible avec la république. L’extrême droite en fait un élément dans son discours xénophobe.

Les unes des magazines et des journaux qui ont été publiées entre 2008 et 2013 donnent une idée de l’obsession d’une partie de la presse magazine à l’égard des musulmans.

En 2015 Nadine Morano, une élue proche de N. Sarkozy n’hésite pas à dire : La France est un pays judéo-chrétien de race blanche.

Plus tard, en 2016 elle déclare « Je ne veux pas que la France devienne arabo-musulmane ».

 Elle a également évoqué une "invasion massive arabo-musulmane" qui menacerait la France.

Les polémiques s’enchaînent, en général sur le thème du voile musulman, mais pas seulement.

Selon le maire de droite JF Copé, les enfants se voient interdits de manger des pains au chocolat par des « voyous » musulmans…

La controverse sur les mamans voilées qui accompagnent les sorties scolaires

En 2019 A l’université de Cergy Pontoise, un formulaire pour signaler d’éventuels employés radicalisés a suscité le tollé. Les critères étaient si vagues que n’importe quel musulman pratiquant pouvait se sentir visé.

« La burqa ne sera pas la bienvenue sur le territoire de la République » déclare N. Sarkozy qui sait qu’il n’y a pas de burqas en France, mais le mot est plus fort que voile intégral.

Le « hidjab de running » le maillot de bain « burkini » de Décathlon ont aussi fait couler beaucoup d’encre.

Rappelons que les musulmans de France font partis des victimes du terrorisme.


Du racisme à l’islamophobie

Du racisme à l’islamophobie : une évolution des formes de discrimination

De l’héritage colonial à la focalisation sur l’immigration « arabe et noire »

Après la guerre d’Algérie (1962), le racisme colonial se reconfigure en un racisme postcolonial dirigé contre les populations issues des anciennes colonies, notamment les immigrés maghrébins et subsahariens. Ce racisme, porté par l’extrême droite (Front National de Jean-Marie Le Pen), les anciens de l’OAS et les nostalgiques de l’Algérie française, puise dans des représentations « essentialisantes » héritées de l’empire colonial. La figure de « l’Arabe » devient un stigmate durable, contrairement aux autres vagues migratoires (italiennes, portugaises) dont l’intégration atténue progressivement les préjugés.

Islamophobie : des origines coloniales aux instrumentalisations contemporaines
Le terme « islamophobie » apparaît dès 1910 sous la plume d’Alain Quellien, fonctionnaire colonial, dans un contexte de crainte de l’influence musulmane en Afrique. Cette vision est renforcée par des travaux comme ceux de Louis-Gustave Binger (« Le péril de l’islam », 1906) qui alimentent une méfiance institutionnelle.

Dès les années 1920, des auteurs comme É. Dinet et S. Ben Ibrahim dénoncent les biais orientalistes des études sur l’islam, mais leurs critiques restent marginalisées.

Années 1970-1990 : escalade des violences et politisation des questions religieuses
Les chocs pétroliers et la nationalisation des hydrocarbures algériens coïncident avec une recrudescence d’actes racistes, touchant aussi les Roms, des Comoriens ou des Chinois. L’islam devient un marqueur central après la révolution iranienne (1979) et l’affaire du voile de Creil (1989), où l’exclusion de trois collégiennes déclenche un débat national sur la laïcité. l’affaire des « tchadors » de Creil met en avant des jeunes femmes voilées et la visibilité de la religion musulmane dans l’espace français. Le 18 septembre 1989, Ernest Chénière, principal du collège Gabriel-Havez à Creil (Oise), a exclu trois élèves musulmanes - Leïla, Fatima et Samira - pour avoir refusé d’enlever leur voile en classe. Le principal justifiait cette décision en arguant que le voile était incompatible avec la laïcité de l’établissement scolaire. Un accord est trouvé le 9 octobre 1989, permettant aux élèves de porter leur voile en dehors des cours mais pas en classe. Cette affaire a eu des répercussions importantes.

En 1994, la circulaire Bayrou a distingué les symboles religieux « discrets » des symboles « ostentatoires » dans les écoles.

En 2004, une loi interdisant les signes religieux ostensibles dans les établissements scolaires publics a été adoptée. Cette loi cristallise ces tensions, associant désormais islam et « menace communautariste ».

Après le 11 septembre 2001 : l’islamophobie comme doctrine sécuritaire
Les attentats du 11 septembre 2001, puis ceux de Madrid (2004) et Londres (2005), alimentent une rhétorique assimilant islam et terrorisme. En France, cette logique se traduit par de nombreux contrôles policiers, des attaques contre des mosquées, et une médiatisation anxiogène. Le discours politique, de l’extrême droite à une partie de la droite républicaine, instrumentalise la laïcité pour justifier des mesures « excluantes » (interdiction du burkini en 2016, controverses sur les mères voilées).

2010-2020 : essentialisation et exclusion institutionnalisées
L’expression « invasion arabo-musulmane » (Nadine Morano, 2016) symbolise une « racialisation » croissante du débat public. Les polémiques sur le « hidjab de running » ou le formulaire de signalement de « radicalisés » à l’université de Cergy-Pontoise (2019) révèlent une suspicion systémique envers les musulmans. Pourtant, comme le soulignent les mobilisations post-attentats (2015-2016), les musulmans de France sont aussi victimes du terrorisme.

Un racisme structurel ancré dans l’histoire
Ce racisme postcolonial, nourri par les non-dits de la décolonisation et la diabolisation de l’islam, persiste à travers des dispositifs légaux (lois sur les signes religieux) et des représentations médiatiques qui essentialisent les « Arabes » et les « Noirs » comme corps étrangers à la nation.

 

 

 


Burkini ou bikini

Burkini ou bikini c’est moi qui choisis reflète un principe fondamental de liberté individuelle et d’autonomie dans le choix vestimentaire.

Le débat sur la liberté vestimentaire des femmes en France notamment concernant le burkini ou le voile « islamique » s’inscrit dans un contexte plus large de tensions autour de la laïcité et de l’expression religieuse dans l’espace public.

Une campagne a été mise en place par un collectif pour défendre le droit des femmes à choisir : "Burkini ou bikini, c’est moi qui choisis", ce collectif met en avant le principe de liberté des femmes sans être soumise à des pressions externes.

Cependant, les décisions gouvernementales, notamment l’interdiction du port de l’abaya à l’école annoncée par Gabriel Attal en août 2023, ont ravivé les controverses. Cette mesure, présentée comme une défense de la laïcité, est perçue comme une nouvelle forme de discrimination ciblant spécifiquement les femmes musulmanes ou perçues comme telles.

 

La mise en application de cette interdiction a suscité des critiques, notamment concernant le risque de profilage racial et religieux. 

le gouvernement exige des personnels de l’éducation, des conseillers principaux d’éducation, des assistants d’éducation et des enseignants, de déterminer, selon le faciès, le patronyme, et l’appartenance réelle ou supposée à l’islam des élèves si leurs tenues sont des « abayas » ou non et si elles doivent donc être interdites d’entrer dans leur établissement.

Des témoignages ont fait état d’élèves empêchées d’entrer dans leur établissement pour avoir porté une simple robe longue, un kimono, ou encore un vêtement trop noir, parfois sans lien avec une quelconque expression religieuse.

Cette interdiction des robes longues à l’école, en visant principalement les jeunes femmes musulmanes ou supposées comme telles, est également une mesure sexiste et patriarcale qui vise à contrôler toujours plus le corps des femmes.

Ces politiques sont vues comme une forme de stigmatisation des élèves musulmans ou perçus comme tels, pouvant potentiellement affecter leur scolarité et leur intégration.

 

Les critiques soulignent que ces mesures, en plus d’être potentiellement discriminatoires, détournent l’attention des problèmes structurels du système éducatif français.

le service public de l’éducation fait face à un manque de moyens chronique organisé par les gouvernements successifs, au manque criant d’enseignants et de personnels de l’éducation qui dégradent toujours plus les conditions de travail et d’apprentissage pour les personnels et les élèves.

 

Cette interdiction s’inscrit dans la continuité des offensives racistes et islamophobes mises en place, sous-couvert de laïcité, depuis la loi de 2004 interdisant le port du voile à l’école.

L’interdiction pour les mamans portant le foulard d’accompagner des sorties scolaires exclues ces femmes dans l’accompagnement scolaire de leurs enfants. Les signalements du taux d’absentéisme par l’éducation nationale le jour de la fête de l’Aïd sont des actes discriminatoires.

Depuis plusieurs années, le gouvernement n’a cessé de faire de l’école le terrain privilégié de ses offensives islamophobes et de renforcer le contrôle des parents et des élèves musulmans ou assimilés comme tels.

Ce harcèlement quotidien subi surtout par jeunes filles musulmanes ou perçues comme telles a pour conséquence directe de dégrader leur scolarité, de les exclure de l’école et de les priver de leur droit à une éducation publique du fait de leur foi réelle ou supposée.

Derrière le « faux argument » de la laïcité, il s’agit donc d’une mesure raciste et discriminante puisque ce sont bien des jeunes filles « racisées » qui ne peuvent plus rentrée dans les établissements scolaires. Tout en rejetant les mesures qui stigmatisent et discriminent toujours plus les élèves, l’urgence doit être d’exiger la mise en place de moyens massifs pour assurer le droit à l’éducation de toutes et tous.

C’est pourquoi face à cette énième mesure islamophobe, des intellectuels, militants, syndicalistes, avocats, parents et personnels de l’éducation, affirment leur opposition à cette interdiction des abayas et refusons que l’école continue d’être le relais de politiques raciste, sexiste et patriarcale. Ils apportent la solidarité et le soutien aux élèves et jeunes filles visées par cette interdiction et ils réaffirment que trop couvertes ou pas assez, c’est aux femmes et aux élèves de décider !


Avec ou sans foulard Mamans toutes égales

Le collectif Mamans toutes égales est un mouvement créé en 2011 pour lutter contre l’exclusion des mères portant le voile, notamment lors des sorties scolaires. Cette initiative a été déclenchée par une circulaire envisagée par Luc Chatel, alors ministre de l’Éducation nationale, qui proposait d’interdire aux mères voilées de participer à ces activités éducatives, les assimilant à des fonctionnaires soumis à la neutralité religieuse.

Le collectif revendique plusieurs principes fondamentaux :

Respect de la laïcité : Il insiste sur le fait que la laïcité doit garantir les libertés individuelles et ne pas être détournée pour justifier des discriminations.

 Égalité de traitement  : Les mères voilées doivent pouvoir participer pleinement à la scolarité de leurs enfants, comme tout autre parent.

Lutte contre l’islamophobie : Le collectif dénonce les actes discriminatoires et les discours islamophobes qui stigmatisent les femmes musulmanes, souvent sous couvert de débats sur la laïcité ou l’identité nationale.

Le collectif a organisé plusieurs mobilisations, notamment des marches et des rassemblements devant les inspections académiques pour dénoncer ces exclusions. Il a également collaboré avec le CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France) pour fournir un soutien juridique et médiatique aux mères concernées. Ces actions ont permis de remporter certaines victoires.

Depuis la loi de 2004 interdisant le port de signes religieux ostensibles dans les écoles publiques, les débats autour du voile ont réactivé des tensions sur la place de l’islam dans l’espace public. Bien que cette loi ne concerne pas les parents d’élèves, certains directeurs d’école ont utilisé ce prétexte pour exclure les mères voilées des activités scolaires. Ces exclusions reflètent une instrumentalisation de la notion de laïcité, souvent critiquée comme étant raciste et sexiste.


Nadia Henni-Moulaï, « Voiles et préjugés »

« Cette circulaire fut dramatique pour de nombreuses mamans musulmanes souhaitant s’investir dans la vie scolaire de leurs enfants. Pour certaines de ces femmes vivant dans des quartiers populaires, l’école est souvent la seule institution publique encore présente. Couper les liens de ces mères avec l’école était donc d’une violence inouïe et un message radical que l’État leur adressait à elles et à leurs enfants, indirectement. Et dans ces écoles situées dans des quartiers où vivent une grande majorité de musulmans, comment faire ? Priver de sorties les élèves sous prétexte que le nombre d’accompagnateurs est insuffisant ? (extrait du livre collectif dirigé par Nadia Henni-Moulaï, « Voiles et préjugés ». »

Ce passage met en lumière les conséquences de la circulaire Chatel de 2012, qui a permis aux établissements scolaires de restreindre la participation des mères voilées aux sorties scolaires, et son impact sur les familles musulmanes.

La circulaire a instauré un cadre légal ambigu, laissant aux conseils d’école le soin d’autoriser ou non les accompagnatrices voilées, ce qui a conduit à des applications inégales selon les établissements. Cette disparité a alimenté des tensions, notamment dans les quartiers populaires où l’école représente souvent le dernier lien institutionnel avec l’État.

Pour ces femmes, l’exclusion des sorties scolaires est perçue comme une violence symbolique, renforçant un sentiment de marginalisation. Les enfants, quant à eux, subissent indirectement cette exclusion : certaines mères cachent même les interdictions à leurs enfants par crainte d’altérer leur confiance en l’école.

L’ouvrage Voiles et préjugés souligne que ces mesures alimentent un discours de rejet envers les familles musulmanes, tout en privant les élèves de sorties faute d’accompagnateurs.

Alors que la jurisprudence récente (tribunal administratif d’Amiens) a invalidé des interdictions généralisées, jugées illégales, la circulaire Chatel n’a jamais été officiellement abrogée. Cette situation place les établissements dans une ambiguité persistante, entre lutte contre le prosélytisme et respect des libertés individuelles. L’Observatoire de la laïcité rappelle que la neutralité ne s’applique qu’aux agents publics, et non aux usagers, ce qui rend d’autant plus contestable l’exclusion systématique des mères voilées.

Le livre dirigé par Nadia Henni-Moulaï dénonce une instrumentalisation de la laïcité, détournée pour cibler les musulmanes voilées. Les autrices y défendent l’idée d’un choix personnel et émancipateur, loin des stéréotypes d’oppression souvent véhiculés. Le récit de Ferjani Nesrine, étudiante voilée, illustre cette revendication d’une liberté individuelle malmenée par des débats politiques réducteurs.

 

La question reste brûlante, comme en témoigne la récente validation par le Conseil d’État de l’interdiction de l’abaya à l’école, montrant que les signes religieux visibles continuent de cristalliser les tensions. Dans les quartiers concernés, cette logique crée un paradoxe : l’école, censée être un lieu d’intégration, devient un espace de confrontation où se jouent des inégalités civiques


Liens

Féminismes pour toutes
https://www.youtube.com/watch?v=BRlBVTkU3ig

Mamans toutes égales !
https://lmsi.net/Mamans-toutes-egales

Le foulard des accompagnatrices scolaires : une question plus civique que religieuse
https://theconversation.com/le-foulard-des-accompagnatrices-scolaires-une-question-plus-civique-que-religieuse-118429

Ndella Paye : « Lutter contre l’islamophobie ne fait manifestement pas partie des priorités de la gauche »
https://basta.media/Islamophobie-meres-voilees-ecoles-sexisme-afro-feminisme-discriminations

De l’application à l’extension de la nouvelle laïcité : le cas des mères accompagnatrices
https://shs.cairn.info/revue-mouvements-2021-3-page-104?lang=fr

 

Mise à jour :mardi 6 mai 2025
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