La marche pour l’égalité et contre le racisme

L’histoire de la basket

En 1983, des jeunes partis du quartier de la Cayolle à Marseille lancent une marche historique jusqu’à Paris pour dénoncer le racisme et l’injustice sociale. Parmi les soutiens de ce mouvement, le collectif NRV (Nouveaux Radicaux Verts), composé d’anciens étudiants des Beaux-Arts – architectes et artistes –, ainsi que Jo Corbeau, chanteur et auteur-compositeur marseillais, cherche à apporter une dimension symbolique forte à cette mobilisation.

Face à l’affiche officielle de la marche, ornée de symboles traditionnels comme la babouche ou la charentaise, le collectif choisit la basket comme emblème. Ce choix n’est pas anodin : la basket, objet du quotidien, traverse les frontières sociales et culturelles. Comme l’explique Jo Corbeau à l’époque, « on avait tous des baskets ». Ce simple accessoire devient ainsi le symbole d’une jeunesse diverse, unie dans la lutte contre les discriminations.

Le collectif NRV conçoit alors une paire de baskets géantes, d’un réalisme saisissant, sans marque, avec lacets, portées chacune par une dizaine de personnes. Cette installation, à la fois sculpture et performance, s’apparente à un happening situationniste : elle s’empare de l’espace public pour interpeller, rassembler et amplifier la portée du message. La marche traverse ainsi villes et villages, accompagnée de ces baskets monumentales qui attirent l’attention médiatique et suscitent la sympathie du public.

Lorsque la marche arrive à Paris, la performance prend une dimension nationale. Les baskets géantes deviennent l’emblème visible du mouvement, accueillies par une foule nombreuse et une couverture médiatique sans précédent. L’arrivée à la capitale marque l’aboutissement d’un périple à la fois politique et artistique, où l’art engagé se met au service de la lutte sociale. Cette installation, exposée sur les marches de lieux symboliques parisiens, devient un point de ralliement pour les participants et les soutiens venus de toute la France.

Au-delà de la performance, la basket incarne la capacité d’un objet ordinaire à transcender les clivages sociaux, culturels et générationnels. Elle rassemble, interpelle et fédère autour d’une cause commune. Cette initiative, mêlant art, politique et mobilisation citoyenne, s’inscrit dans la lignée des mouvements situationnistes, privilégiant l’impact visuel et émotionnel pour susciter l’adhésion et la réflexion.

L’action du collectif NRV, largement relayée dans la presse, reste un exemple marquant d’art engagé et de mobilisation symbolique. Elle illustre la force du symbole et la capacité de l’art à soutenir et amplifier les luttes sociales. Aujourd’hui, cette performance est encore citée comme une référence pour les mouvements contemporains qui associent création artistique et engagement politique.

En résumé, l’action du collectif NRV, avec la création de baskets géantes portées collectivement, a marqué la marche de 1983 et son arrivée à Paris, en faisant de la basket un symbole universel d’unité, de jeunesse et de lutte contre les discriminations.

 

Jo Corbeau et l’histoire de la basket

Jo Corbeau est un chanteur, auteur-compositeur marseillais de reggae d’origine arménienne. Il est une figure emblématique de la scène musicale marseillaise et un pionnier du reggae méditerranéen.

Il commence sa carrière dans les années 1970 avec le groupe Albert et sa fanfare Poliorcétique à Paris. 

Il est engagé dans le collectif NRV (Nouveaux Radicaux Verts) à Paris composé d’anciens étudiants des beaux-arts (architectes et artistes).

Ce collectif est à la recherche d’une action à mener lorsque le groupe entend parler de jeunes lyonnais qui partaient du quartier de la Cayolle à Marseille (comme les anciens révolutionnaires de 1792) à pieds jusqu’à la capitale pour exposer leur point de vue contre le racisme et l’injustice qui était à cette époque-là encore plus exacerbé que de nos jours.

L’idée était d’accueillir ces jeunes, mais comment ? La réponse est arrivée lorsque le collectif a vu l’affiche qui annonçait la marche. Il y a deux pieds chaussés d’une babouche et d’une charentaise ! « Nous nous sommes dit qu’aucun des deux ne représentait cette jeunesse »

« Ce qui unit tous cette génération c’est ni la babouche ni la charentaise c’est la basket ! »

« Aussitôt dit aussitôt fait nous avons fabriqué une paire d’immenses basket blanche très détaillés avec lacets et tout (mais sans marque) et nous avons rejoint la grande manifestation une dizaine de porteur sous chaque baskets. On avance au milieu de la foule qui ne voyait que les chaussures avancées l’une après l’autre comme dans une grande marche ludique. Cette action sorte de performance situationniste a eu beaucoup de retentissement médiatique : photos dans la presse, vidéos etc...

Cette initiative s’inscrit dans l’esprit situationniste, mêlant art et politique pour susciter un impact symbolique. Le collectif NRV a réalisé cette action mémorable, celle-ci a contribué à amplifier l’élan de sympathie envers la Marche, un événement clé dans l’histoire des luttes sociales en France

Et a comme prévu à favoriser un grand élan de sympathie de la population française pour ce mouvement spontané et très bien organisé, bien vite récupérer évidemment par certains parti politiques. Je crois bien, si mes souvenirs sont exacts que c’est d’ailleurs la seule action du groupe N.R.V. (lol) Jo Corbeau

Mise à jour :mardi 6 mai 2025
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