Zineb Redouane, une femme de 80 ans d’origine algérienne, est décédée le 2 décembre 2018 à Marseille après avoir été grièvement blessée par une grenade lacrymogène MP7 tirée par un CRS. Elle se trouvait à la fenêtre de son appartement au quatrième étage, le samedi 1er décembre 2018, lors de la manifestation du collectif du 5 novembre contre l’habitat indigne, rejoint par les Gilets jaunes.
Le projectile, tiré à une distance de 30 mètres, a provoqué un traumatisme facial sévère et des fractures importantes. Elle est décédée à l’hôpital pendant son anesthésie.
L’utilisation de la grenade a suscité des controverses, car elle était prévue pour des tirs à longue distance (100 mètres) et non pour viser des immeubles. Des rapports ont conclu que le tir était "manifestement inadapté" et contraire aux règles de discernement des forces de l’ordre. Une contre-expertise a validé la thèse d’un tir tendu, interdit dans ce contexte.
L’affaire a été marquée par des lenteurs judiciaires. Le CRS responsable du tir a été mis en examen pour homicide involontaire en septembre 2024, six ans après les faits. Cette mise en examen intervient après des pressions et des critiques envers la gestion initiale du dossier, notamment des soupçons de collusion entre le parquet de Marseille et les policiers impliqués.
Par ailleurs, des débats persistent sur les causes exactes de la mort. Si les autorités françaises ont évoqué un "choc opératoire" lié aux antécédents médicaux de Mme Redouane, une autopsie indépendante réalisée en Algérie a conclu que le traumatisme causé par la grenade était directement responsable du décès. L’enquête judiciaire examine aussi la prise en charge médicale pour déterminer si des fautes ont été commises lors de l’intervention chirurgicale ou par les pompiers.
Cette affaire est devenue emblématique des violences policières en France, soulevant des questions sur l’usage disproportionné des armes dites à "létalité réduite" et sur les dérives dans leur application.