Le 21 février 1995, Ibrahim Ali, âgé de 17 ans, sort d’une répétition d’un cours de hip-hop avec un groupe d’amis aux Aygalades à Marseille. Il court pour essayer d’avoir son bus à temps lorsqu’il croise un groupe de trois colleurs d’affiches d’extrême droite. Le meurtre d’Ibrahim Ali a eu lieu pendant une campagne électorale, alors que des militants du Front national (FN), dirigé par Jean-Marie Le Pen, collaient des affiches dans les quartiers nord de Marseille. Ils étaient armés de pistolets. C’est Robert Lagier, l’un de ces militants, qui a tiré sur un groupe de jeunes qui couraient pour attraper leur bus. Ibrahim Ali est froidement abattu par d’eux d’une balle dans le dos.

Quatre jours après le meurtre d’Ibrahim Ali, 20.000 personnes défilent sur la Canebière pour lui rendre hommage et dire non au racisme.

À cette période, le FN connaissait une forte progression à Marseille, comme en témoignent les résultats de l’élection présidentielle de 1988 où Le Pen avait obtenu 28,33% des voix au premier tour dans la ville.

Deux jours après les faits, Bruno Mégret, numéro deux du FN, a affirmé que les militants avaient été "violemment agressés", tentant de justifier leurs actions. Jean-Marie Le Pen a lui-même commenté l’incident en questionnant la présence de Comoriens à Marseille, révélant ainsi le caractère raciste de ces propos.

Ce meurtre s’inscrit dans un contexte plus large de montée du Front national à Marseille et dans la région. Jean-Marie Le Pen avait envisagé de se présenter à la mairie de Marseille, illustrant les ambitions politiques du parti dans la région.

Robert Lagier est condamné le 22 juin 1998 à 15 ans de prison pour meurtre à caractère raciste. Les deux autres colleurs d’affiches, Mario d’Ambrosio et Pierre Giglio seront respectivement condamnés à 10 et 2 ans de réclusion criminelle.

Les habitants de La Savine ont été profondément marqués par cet événement. Des commémorations ont été organisées chaque année pour honorer la mémoire d’Ibrahim Ali.

La ville a créé un prix portant le nom d’Ibrahim Ali pour sensibiliser les élèves à la lutte contre le racisme.

En février 2021, la ville de Marseille a renommé l’avenue des Aygalades en son nom.

Le documentaire "Ibrahim Ali, tombé à cause d’une certaine idée de la France" explore le contexte du racisme quotidien et met en lumière l’impact de ce meurtre sur la communauté.