Crimes racistes

Ali Ziri

Le 9 juin 2009, Ali Ziri, 69 ans, est interpellé à Argenteuil avec son ami Arezki Kerfali lors d’un contrôle routier. Les deux sexagénaires sont placés à bord d’un véhicule de police afin d’être conduits au commissariat. Les deux hommes sont menottés et durant le trajet, selon les policiers, ils sont agités, ce qui conduit les policiers à l’utilisation de la technique dite du « pliage ». Les deux hommes sont maintenus assis, la tête sur les genoux, le thorax comprimé contre les cuisses, pour les immobiliser. Ils sont restés dans cette position pendant quelques minutes, jusqu’à leur arrivée au commissariat. Pourtant cette position est connue pour ses risques d’asphyxie posturale.

Arrivés au commissariat ils sont extraits du véhicule par plusieurs agents de police. Ali Ziri et Arezki Kerfali vomissent à plusieurs reprises et restent menottés, allongés au sol. Deux heures plus tard, Ali Ziri est en arrêt cardiaque. Il décède à l’hôpital le 11 juin 2009.

Une enquête judiciaire est ouverte et elle est marquée par des désaccords entre les proches, les experts et par la non-audition des policiers impliqués.

Pour les proches d’Ali Ziri, la technique du pliage pratiquée sur le sexagénaire pendant le trajet entre le lieu d’interpellation et le commissariat est à l’origine du décès.

Les avis médicaux divergent sur la part de responsabilité de la technique du pliage dans le décès d’Ali Ziri. Une première autopsie attribue la mort à des problèmes cardiaques et à l’alcoolémie. Une contre-expertise révèle une vingtaine d’hématomes et conclut à une « suffocation multifactorielle » (appui dorsal, facial, vomissements).

Aline Daillère, responsable police-justice à l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT) et auteure du rapport déclare « L’examen des pièces du dossier judiciaire révèle une violation flagrante du droit international. Notre rapport questionne non seulement le caractère proportionné de l’usage de la force, mais également le caractère indépendant de l’enquête. Nous avons découvert que dans ce dossier, une partie conséquente des investigations a été réalisée par le commissariat dans lequel exercent les policiers mis en cause ».

En février 2016, la justice française clôt définitivement le dossier, estimant que l’usage de la force était « nécessaire et proportionné » et que la cause exacte de la mort ne pouvait être déterminée avec certitude. Cette affaire a été marquée par des violations flagrantes du droit international portant notamment sur l’usage disproportionné de la force et le manque d’indépendance de l’enquête. L’affaire est portée devant la Cour européenne des droits de l’homme.

La technique du pliage peut provoquer une asphyxie posturale. Elle est dénoncée par plusieurs associations et a déjà été à l’origine de décès, notamment lors de reconduites à la frontière. Plusieurs personnes sont décédées en France après l’avoir subie. Interdite dans plusieurs pays pour cette raison, elle est pourtant toujours pratiquée en France.

L’affaire Ali Ziri illustre les risques liés à certaines techniques d’immobilisation policière et le débat persistant sur leur usage en France. Malgré les controverses et les dangers reconnus, la justice française a conclu à l’absence de responsabilité pénale des policiers, faute de certitude sur la cause du décès. L’affaire reste emblématique des enjeux autour des techniques d’interpellation et de la nécessité de leur encadrement strict.

 

Mise à jour :vendredi 23 mai 2025
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