Crimes racistes

Hichem Miraoui

Hommage à Hichem Miraoui

Hommage à Hichem Miraoui, victime d’une société empoisonnée par la haine médiatique et politique.

C’est l’histoire tragique d’Hichem Miraoui, un homme dont le seul rêve était de vivre en paix sur cette terre de France, patrie qu’il pensait être celle de la liberté et de l’égalité. Hichem Miraoui portait en lui la marque de ses origines « arabes et/ou musulmanes ». Dans une France où, chaque jour, certains médias et responsables politiques déversent des flots de haine, il est devenu, comme tant d’autres, un suspect permanent, une cible idéale.

Hichem Miraoui n’a jamais su que la haine, attisée par des discours toxiques, finirait par trouver un bras armé. C’est Cristophe Belgembe qui est passé à l’acte. Il avait appelé sur les réseaux sociaux à “aller les chercher là où ils sont”. Il fait “allégeance au bleu blanc rouge” et menace de “faire un petit carton sur les sans-papiers”. Cristophe Belgembe, mû par cette haine, n’a été que l’exécutant d’un climat délétère savamment entretenu. Comme le disait Hannah Arendt : « La haine est le commencement de toutes les violences. » La xénophobie tue, et ceux qui la propagent, en cultivant l’hostilité, espèrent voir leurs prophéties s’accomplir.

Pourtant, Christophe Belgembe, l’assassin d’Hichem Miraoui, n’est pas le seul coupable. Ce drame est le fruit d’un crime collectif manipulé par une presse sensationnaliste et des politiques qui, par calcul ou cynisme, agitent la peur et la haine de l’étranger. Les discours véhiculés sur certaines chaînes d’information et par des responsables politiques de droite et d’extrême droite contribuent à la diffusion de représentations négatives, à l’instrumentalisation de l’actualité et à la banalisation de propos haineux, créant ainsi les conditions de tragédies collectives.

Albert Einstein disait : « Le racisme n’est pas seulement une question d’idéologie, c’est un poison qui tue silencieusement les consciences. » Hichem Miraoui n’a pas seulement été tué par la main d’un homme, mais aussi par un contrat social corrompu, par une société qui tolère, voire encourage, que l’étranger soit perçu comme une menace légitime, un ennemi de l’intérieur.

Si la justice était vraiment rendue, les responsables politiques et éditorialistes qui, chaque jour, distillent la haine, devraient comparaître aux côtés de l’assassin. Car leurs paroles empoisonnées, leurs incitations à la haine et au rejet, ont préparé le terrain à ce crime.

Ce drame n’est pas un acte isolé, mais le résultat d’une complicité diffuse, d’une multitude d’acteurs médiatiques et politiques qui, par leurs discours, ont rendu l’horreur possible, banale, presque attendue. Ce meurtre est le reflet d’un climat nauséabond, entretenu et légitimé par ceux qui, dans l’ombre ou à la lumière, ont donné à la haine un visage acceptable.

Les médias jouent un rôle central dans la montée de la haine. Parfois, certains journalistes et éditorialistes deviennent les relais de discours de haine, banalisant les propos. Sous couvert de liberté d’expression, ils légitiment des discours de haines.

L’histoire récente a montré que la presse peut être directement responsable de l’attisement de la haine, voire de violences extrêmes. Le rôle de la Radio-télévision libre des Mille Collines lors du génocide rwandais a illustré jusqu’où peut aller la responsabilité médiatique dans la préparation des massacres.

En relayant des stéréotypes, en offrant une tribune à des discours partiaux, les médias alimentent les préjugés et renforcent la peur de l’autre. Ce phénomène, observé dans de nombreux contextes de crise, a souvent précédé des vagues de violences contre les minorités. La gestion de l’information à Gaza, marquée par la censure et le contrôle, contribue aussi à la propagation de la haine et à la banalisation de la violence.

La banalisation de la violence et de la mort résulte d’un processus où la surexposition médiatique, l’accoutumance sociale et la faiblesse des réactions collectives transforment l’exceptionnel en ordinaire, au risque de rendre la souffrance humaine invisible ou acceptable.

Quant aux responsables politiques, ils instrumentalisent trop souvent la peur et la haine à des fins électoralistes. En stigmatisant les étrangers, en multipliant les propos clivants, ils légitiment une violence symbolique qui, parfois, devient violence réelle.

La lutte contre les discours de haine dans les médias et la sphère politique est un impératif démocratique. Les instances internationales rappellent que la propagande de guerre et le discours de haine doivent être interdits pour préserver la paix sociale et la démocratie.

La presse et les responsables politiques détiennent un immense pouvoir d’influence. Par leurs choix éditoriaux et leurs paroles, ils peuvent attiser la haine ou bâtir une société plus juste et respectueuse de la diversité.

Hichem Miraoui, encore une autre victime innocente, mérite que l’on se souvienne de lui non seulement comme d’un homme, mais aussi comme du symbole tragique d’une société qui doit choisir entre la haine et l’humanité.

 

Jean-Marie Le Pen est mort mais ses idées sont bien vivantes

Jean-Marie Le Pen est mort, mais son héritage toxique irrigue encore notre société. La haine raciste tue, et ce n’est pas une formule cinq semaines après le meurtre d’Aboubakar Cissé, un jeune Malien de confession musulmane poignardé à mort, le 25 avril, dans une mosquée de La Grand-Combe (Gard), un deuxième homicide à motivation raciste et antimusulmane a eu lieu ce samedi 31 mai 2025, à Puget-sur-Argens, dans le Var. Christophe Belgembe, 53 ans, tireur sportif, a délibérément ouvert le feu sur ses voisins. Hichem Miraoui, 35 ans, d’origine tunisienne, a été assassiné de cinq balles. Un autre homme, 25 ans, d’origine turque, a été blessé et hospitalisé. Il aurait pu y avoir d’autres victimes, tant la violence était préméditée.

Ce n’est pas un « fait divers » : c’est un acte terroriste, nourri par l’idéologie d’ultra-droite. Christophe Belgembe, n’a rien caché de ses motivations. Sur les réseaux sociaux, il a diffusé des vidéos d’une violence inouïe, où il revendique son crime, appelle explicitement à « tirer sur des personnes d’origine étrangère », exhibe ses armes, et crache sa haine raciste. Il s’en prend aux « islamo », aux « bicots », aux « gauchos », aux « pro Gaza », et appelle les Français à « aller les chercher là où ils sont » et à « bien voter » pour perpétuer cette violence institutionnalisée. Il rend hommage à Jean-Marie Le Pen, symbole d’une extrême droite décomplexée, et se drape dans le drapeau français pour légitimer ses actes.

Ce crime n’est pas un accident. C’est le fruit d’années de banalisation du racisme, de discours de haine relayés sans honte dans l’espace public, parfois même par ceux qui prétendent nous protéger. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, dénonce un « crime raciste et prémédité », tout en participant à la normalisation de cette idéologie mortifère. Le racisme n’est pas une opinion : c’est un poison, et il tue.

Le parquet national antiterroriste s’est saisi de l’affaire, l’enquête est confiée à la DGSI et à la sous-direction antiterroriste. Les chefs d’accusation sont clairs : assassinat et tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste, commis en raison de la race, de l’ethnie, de la nation ou de la religion, et association de malfaiteurs terroriste.

Mais la réponse judiciaire ne suffira pas. Tant que le racisme sera toléré, banalisé, instrumentalisé par des responsables politiques, d’autres Christophe B. passeront à l’acte. Il est urgent de briser ce cercle de haine, de dénoncer sans relâche les discours xénophobes.

Organisons-nous, résistons, et faisons entendre nos voix.

 

Liens

Après le meurtre d’un Tunisien dans le Var, la première saisine du Parquet national antiterroriste pour un homicide inspiré par des idées d’ultradroite.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/06/03/apres-le-meurtre-d-un-tunisien-dans-le-var-la-premiere-saisine-du-parquet-national-antiterroriste-pour-un-homicide-inspire-par-des-idees-d-ultradroite_6610275_3224.html

"On est face à une idéologie" : l’avocat de la famille de Hichem Miraoui s’exprime après le meurtre du Tunisien dans le Var
https://www.varmatin.com/faits-divers/on-est-face-a-une-ideologie-l-avocat-de-la-famille-de-hichem-miraoui-s-exprime-apres-le-meurtre-du-tunisien-a-puget-sur-argens-988543

 

Mise à jour :lundi 9 juin 2025
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